Archive de l’étiquette tension

48. Discernement sur le lien conjugal

Source = discernement

Les conseils prodigués dans l’ensemble du guide sont bien entendu applicables aux personnes en difficulté dans leur couple. S’ils n’ont pas suffi à résoudre un conflit, et si une nouvelle tentative plus approfondie ne réussit pas non plus, il faut alors envisager d’autres moyens.

La société civile propose des médiations familiales et le droit canonique évoque à plusieurs reprises la nécessité de « faire recours aux sages » pour éviter ou du moins dépasser les conflits. C’est l’objet de la médiation qui sera évoquée aux chapitres 6 et 7.

Une fois les moyens essayés sans succès, il reste à discerner s’il est possible ou non de poursuivre la vie commune, en envisageant sérieusement une solution comme une séparation provisoire, un divorce civil, la recherche d’invalidité du sacrement de mariage.

Dans certains cas, la valorisation de sa propre dignité
et du bien des enfants exige de mettre des limites fermes
aux prétentions excessives de l’autre, à une grande injustice, à la violence ou à un manque de respect qui est devenu chronique. Il faut reconnaître qu’il y a des cas où la séparation est inévitable. Parfois, elle peut devenir moralement nécessaire, lorsque justement, il s’agit de soustraire le conjoint le plus faible, ou les enfants en bas âge, aux blessures les plus graves causées par l’abus et par la violence, par l’avilissement et par l’exploitation, par l’extranéité et par l’indifférence. Mais on ne peut l’envisager que « comme un remède extrême après que l’on [a] vainement tenté tout ce qui était raisonnablement possible pour l’éviter ; [A.L. 241]

Comme le mariage lui-même, la décision de se séparer est une décision importante qu’il convient de ne pas prendre à la légère.

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43. L’apprentissage du pardon

Lorsqu’un conflit dérape, il est un autre apprentissage essentiel pour les fiancés comme pour les conjoints, qui consiste à s’excuser. En effet, la vie commune va immanquablement provoquer des blessures de l’un vis-à-vis de l’autre. Ne pas voir qu’on a une responsabilité dans le fait que l’autre est malheureux est un aveuglement grave. Heureusement, le dialogue et la vie commune donnent souvent l’occasion de découvrir sa part. C’est une chance qui nous est faite de nous améliorer.

Je ne vois pas d’autre issue que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres[1].

Pour rétablir la relation au plus vite, il importe d’apprendre à s’excuser, avec les cinq manières suivantes.

  • Exprimer ses regrets en précisant ce qui s’est passé de mal et que nous regrettons.
  • Reconnaître notre responsabilité dans ce qui s’est passé.
  • Réparer dans la mesure du possible ou compenser le tort par un acte concret.
  • Exprimer un désir réel de changement et en prendre les moyens.
  • Demander pardon en tenant compte du langage affectif de l’autre.

Je commence à me rendre compte que, lorsqu’on a de l’aversion pour son prochain, on doit en chercher la racine dans le dégoût de soi-même[2].

Dans son chapitre sur le pardon, Gary Chapman rappelle que le pardon n’est pas un sentiment mais une décision qui conclut une démarche personnelle de liberté. Il est caractérisé par le fait que :

  • Le pardon ne détruit pas le souvenir ;
  • Le pardon n’efface pas toutes les conséquences du tort commis ;
  • Le pardon ne restaure pas automatiquement la confiance
  • Le pardon ne produit pas toujours la réconciliation

Les civilisations anciennes ont des bonnes pratiques de pardon qui méritent d’être soulignées et, par exemple la pratique polynésienne de Ho’oponopono, basée sur une philosophie de la vie dans lequel chacun se reconnaît responsable de ses pensées et des situations qu’il rencontre mais aussi de sa mémoire corporelle qui concentre tous les conflits du passé non purifiés. Aussi pour parvenir à un état de paix, il est inutile de chercher à changer l’autre et de se comporter en victime de la fatalité. La solution consiste à effacer en soi les mémoires devenues limitantes et de lâcher prise pour évoluer vers des situations positives et constructives.

Une des techniques proposées pour se libérer de cette mémoire, source de tensions et de conflits, consiste à prononcer intérieurement le mantra Ho’oponopono constitué de la formule suivante : « Désolé, pardon, merci, je t’aime » où les mots portent la signification suivante :

  • Désolé : je reconnais que j’i une part de responsabilité dans la tension et/ou le conflit qui s’est produit.
  • Pardon, à moi-même, à l’autre et à l’univers d’avoir créé cette situation.
  • Merci, à mon âme, à Dieu, à l’Univers d’avoir réveillé en moi la  mémoire de ce conflit, afin de pouvoir la nettoyer.
  • Je t’aime, en envoyant une énergie d’Amour à moi-même, à l’autre et à l’univers.

De même, le christianisme se veut être une école de pardon, et l’Evangile propose des passages forts qui peuvent les aider à reconnaître leurs torts et à s’excuser plutôt qu’à accuser.

Si tu te souviens que ton frère a quelque-chose contre toi,
laisse-là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec lui.

(Matthieu, 5, 23)

Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? (Mathieu 7, 3)

Ses nombreux péchés ont été pardonnés : car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on pardonne peu aime peu. (Luc 7, 47)

Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” (Mathieu 18, 33)

Globalement, il existe de nombreux livres spécifiques sur le pardon pour les personnes qui voudraient approfondir le sujet, entre autres :


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Source de l’image : Centerblog

[1] Etty Hillesum, Une vie bouleversée.

[2] Etty Hillesum, Une vie bouleversée, notes du 28 novembre 1941.