Une parole douce apaise la fureur,
une parole blessante fait monter la colère
(Proverbes 15 v1)
Un psychologue américain, John M. Gottman, a beaucoup travaillé sur les signes prémonitoires de difficultés, au point qu’il prétend être capable de prédire un divorce en observant pendant cinq minutes la façon dont les conjoints se disputent. Sans le suivre dans ses prétentions qui ne prennent pas en compte l’évolution des personnes, nous retiendrons sa distinction entre les couples « émotionnellement intelligents » promis à un mariage durable, et les autres qui doivent travailler à le devenir :
Plus un enfant est conscient de ses propres émotions, mieux il est capable d’entendre les autres et de s’entendre avec eux, et plus l’avenir lui sourit, quel que soit son quotient intellectuel. […] Les partenaires amoureux peuvent eux-aussi acquérir les bases de ce savoir-faire[1].
D’après lui, les mariages heureux se ressemblent sur trois principaux points :
- une profonde amitié : l’amitié, qui attise les flammes de l’amour, se traduit notamment par un véritable respect mutuel, et le plaisir d’être en compagnie de l’autre ;
- le succès des tentatives de rapprochement : tout le monde fait des erreurs et blesse son conjoint. Ce qui importe, c’est le succès des tentatives de rapprochements, et comme les conflits évoluent, il importe d’inventer sans cesse de nouvelles ;
- le partage de valeurs communes : lorsqu’un conflit éclate, et que le dialogue ne permet pas de le résoudre, il ne sert à rien d’ajouter des arguments, car l’émotion prend alors le pas sur la raison. Il peut être possible de se référer aux valeurs communes, qui constituent un point de référence dans le couple et permettent parfois de faire baisser la tension et de se réconcilier malgré l’inconciliable.
A l’inverse, John M. Gottman évoque une série de sept indices laissant présager une séparation des époux : [Jean Gottman, op. cit. p 46 et sq.]
- Un démarrage brutal des conversations : un indice évident de la qualité d’une relation est la façon dont les discussions démarrent. Lorsqu’elles démarrent brutalement sur une critique, il y a de fortes chances que l‘autre répondra de la même manière, par mimétisme.
- La critique : il y a une différence fondamentale entre un grief à propos d’un événement ou d’un objet, et une critique portant sur la personne. Le passage des conflits d’objets aux conflits d’identité est l’un des signes précurseurs de graves difficultés pour un couple.
- Le mépris : lorsque les conflits d’identité perdurent et s’entretiennent, une surenchère consiste à chercher à rabaisser l’autre par le mépris.
- L’attitude défensive : face à la violence et au mépris de l’autre, un des conjoints peut se mettre en situation de victime impuissante, ne disant rien mais laissant apparaître sa tristesse, sa colère et son refus de communication qui renvoient ainsi un reproche implicite au conjoint[2].
- La dérobade : avec le temps, les conjoints cherchent à éviter les situations de tension décrites précédemment, et il est fréquent que l’un d’entre eux, plus généralement le mari[3], se dérobe à la discussion lorsqu’il pressent une escalade de violence.
- L’échec des tentatives de rapprochement : certains couples ont une gamme très large « d’outils de rapprochement » pour diminuer la tension affective lorsque survient un désaccord, tandis que d’autres s’enlisent dans les conflits, dès qu’ils sont en situation émotive forte.
- La réinterprétation du passé : lorsque la négativité submerge une relation, ce n’est pas seulement son présent et son avenir qui sont compromis, son passé est également en péril. En effet, une personne ne peut pas mépriser son conjoint sans essayer également d’oublier les bons moments passés, ne serait-ce que par souci de cohérence. S’il en arrive là, le couple est en grand danger.
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Sources de l’image : isockphoto
[1] John M. Gottman, op. cit. p. 16
[2] Les trois attitudes ci-dessus peuvent se succéder ou coexister comme indiqué dans la section 2.5.1. sur le triangle dramatique.
[3] John M. Gottman explique que les conflits conjugaux sont physiquement plus difficiles à supporter pour les hommes, car, d’après les travaux de Dolf Zilmann à l’université d’Alabama, les hommes mettraient statistiquement plus de temps à récupérer d’un stress que les femmes.