Archive de l’étiquette divorce

41. Signes précurseurs d’une difficulté

Une parole douce apaise la fureur,
une parole blessante fait monter la colère
(Proverbes 15 v1)

Un psychologue américain, John M. Gottman, a beaucoup travaillé sur les signes prémonitoires de difficultés, au point qu’il prétend être capable de prédire un divorce en observant pendant cinq minutes la façon dont les conjoints se disputent. Sans le suivre dans ses prétentions qui ne prennent pas en compte l’évolution des personnes, nous retiendrons sa distinction entre les couples « émotionnellement intelligents » promis à un mariage durable, et les autres qui doivent travailler à le devenir :

Plus un enfant est conscient de ses propres émotions, mieux il est capable d’entendre les autres et de s’entendre avec eux, et plus l’avenir lui sourit, quel que soit son quotient intellectuel. […]  Les partenaires amoureux peuvent eux-aussi acquérir les bases de ce savoir-faire[1].

D’après lui, les mariages heureux se ressemblent sur trois principaux points :

  1. une profonde amitié : l’amitié, qui attise les flammes de l’amour, se traduit notamment par un véritable respect mutuel, et le plaisir d’être en compagnie de l’autre ;
  2. le succès des tentatives de rapprochement : tout le monde fait des erreurs et blesse son conjoint. Ce qui importe, c’est le succès des tentatives de rapprochements, et comme les conflits évoluent, il importe d’inventer sans cesse de nouvelles ;
  3. le partage de valeurs communes : lorsqu’un conflit éclate, et que le dialogue ne permet pas de le résoudre, il ne sert à rien d’ajouter des arguments, car l’émotion prend alors le pas sur la raison. Il peut être possible de se référer aux valeurs communes, qui constituent un point de référence dans le couple et permettent parfois de faire baisser la tension et de se réconcilier malgré l’inconciliable.

A l’inverse, John M. Gottman évoque une série de sept indices laissant présager une séparation des époux : [Jean Gottman, op. cit. p 46 et sq.]

  1. Un démarrage brutal des conversations : un indice évident de la qualité d’une relation est la façon dont les discussions démarrent. Lorsqu’elles démarrent brutalement sur une critique, il y a de fortes chances que l‘autre répondra de la même manière, par mimétisme.
  • La critique : il y a une différence fondamentale entre un grief à propos d’un événement ou d’un objet, et une critique portant sur la personne. Le passage des conflits d’objets aux conflits d’identité est l’un des signes précurseurs de graves difficultés pour un couple.
  • Le mépris : lorsque les conflits d’identité perdurent et s’entretiennent, une surenchère consiste à chercher à rabaisser l’autre par le mépris.
  • L’attitude défensive : face à la violence et au mépris de l’autre, un des conjoints peut se mettre en situation de victime impuissante, ne disant rien mais laissant apparaître sa tristesse, sa colère et son refus de communication qui renvoient ainsi un reproche implicite au conjoint[2].
  • La dérobade : avec le temps, les conjoints cherchent à éviter les situations de tension décrites précédemment, et il est fréquent que l’un d’entre eux, plus généralement le mari[3], se dérobe à la discussion lorsqu’il pressent une escalade de violence.
  • L’échec des tentatives de rapprochement : certains couples ont une gamme très large « d’outils de rapprochement » pour diminuer la tension affective lorsque survient un désaccord, tandis que d’autres s’enlisent dans les conflits, dès qu’ils sont en situation émotive forte.
  • La réinterprétation du passé : lorsque la négativité submerge une relation, ce n’est pas seulement son présent et son avenir qui sont compromis, son passé est également en péril. En effet, une personne ne peut pas mépriser son conjoint sans essayer également d’oublier les bons moments passés, ne serait-ce que par souci de cohérence. S’il en arrive là, le couple est en grand danger.

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Sources de l’image : isockphoto

[1] John M. Gottman, op. cit. p. 16

[2] Les trois attitudes ci-dessus peuvent se succéder ou coexister comme indiqué dans la section 2.5.1. sur le triangle dramatique.

[3] John M. Gottman explique que les conflits conjugaux sont physiquement plus difficiles à supporter pour les hommes, car, d’après les travaux de Dolf Zilmann à l’université d’Alabama, les hommes mettraient statistiquement plus de temps à récupérer d’un stress que les femmes.

40. Secrets pour temps de crise

Mon histoire m’a appris que deux personnes peuvent vivre un coup de foudre puis, un jour, arriver à se détester ![1]

L’escalade de la violence dans les relations interpersonnelles est bien décrite par la psychologie, avec les étapes suivantes :

  • conflit banal, où les conjoints ont un désaccord sur un point précis. On parle alors de conflit d’objet ;
  • conflit d’identité, où l’on en vient à des accusations réciproques, oubliant le problème initial ;
  • escalade mimétique des propos accusatoires sur le mode victime-agresseur,
  • chacun va chercher des alliés en position de sauveur, avec la mise en place d’un « triangle dramatique » dit de Karpman[2].

Figure 13 : le triangle dramatique de Karpman[3]

Les tensions dans les couples ne datent pas d’aujourd’hui. La littérature en parle depuis plus de 2000 ans :

C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse
vous a permis de renvoyer vos femmes.
Mais au commencement, il n’en était pas ainsi.[4]

Traditionnellement, les formules de la cérémonie du mariage évoquent la période d’épreuve qui arrive immanquablement à toute famille. C’est aussi le cas implicitement lors de la lecture obligatoire de l’article 212 du code civil :

Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance.

C’est également le cas lors des échanges de consentement[5] :

La fiancée : Je te choisis comme époux et je me donne à toi

Le fiancé : Je te choisis comme épouse et je me donne à toi

Ensemble : Pour nous aimer fidèlement, dans le bonheur ou dans les épreuves, et nous soutenir l’un l’autre, tout au long de notre vie jusqu’à ce que la mort nous sépare.

Une des spécificités du mariage, est précisément l’alliance qui dure toute la vie, y compris dans les moments d’épreuve.

Dans le mariage les époux s’engagent pour la vie parce qu’ils s’aiment, ils éprouvent un sentiment positif l’un envers l’autre. La raison est aussi présente, en aidant et en confirmant, mais ce n’est pas elle qui motive. Lorsqu’un mari constate qu’il en veut à sa femme et qu’il accepte d’agir pour rester fidèle à son engagement, il ne peut cesser de lui en vouloir par une simple décision prise en une seconde. Ce qu’il peut faire, c’est observer ce qui se passe en lui, observer son discours intérieur et le modifier.
Si chaque fois qu’il constate qu’il lui reproche ceci ou cela,
il se dit « attention, je suis en train de nourrir en moi un sentiment négatif, ce n’est pas dans mon intérêt.
S’il le fait avec sérieux, il arrivera à gérer la situation, à laisser dépérir le négatif et à entretenir un sentiment positif
qui finit par régler le problème[6].

Nous ne reviendrons pas sur les épreuves que traversent tous les humains, comme la maladie, le deuil, le chômage, la perte d’un logement ou d’emploi, les difficultés financières, la solitude, le travail épuisant, etc. Dans ces moments-là, les conjoints se doivent mutuelle assistance dans le respect des lois et des engagements qui règlent la vie conjugale.


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Source de l’image : l’Express

[1] Michael, www.mon-couple-heureux.com/a-propos-2/

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_dramatique

[3] www.lefildentaire.com

[4] Matthieu 19, 3-9.

[5] https://croire.la-croix.com/Definitions/Sacrements/Mariage/L-echange-de-consentement-le-Oui

[6] Piron (Claude), conférence au congrès de la fédération internationale des centres de préparation au mariage, 2016.