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1.4. Le choix du futur conjoint

Autrefois en Europe, et encore aujourd’hui dans certaines régions du monde, le mariage était arrangé par les parents qui imposaient à leur enfant le choix de son conjoint, en tenant plus ou moins compte de son avis.

Cette pratique est contraire à la conception de la société actuelle, basée sur la liberté fondamentale de l’homme et de la femme, impliquant le libre consentement des conjoints comme condition de validité de leur mariage.

On ne choisit généralement pas de « tomber amoureux », et on se laisse souvent surprendre par une émotion inattendue. Par contre, une fois amoureux, il importe d’aller au-delà du simple ressenti pour discerner si c’est « la bonne personne » ou pas, celle avec qui on va pouvoir s’engager sans risquer de courir à un échec garanti. En effet, les jeunes de notre temps rêvent en général d’un véritable amour solide même si, dans la réalité, ils vivent souvent « un couple éphémère ».

Si le sentiment amoureux ne s’édicte pas, le choix de l’élu(e),
lui, se décide en fonction de critères parfois précis
correspondant à nos valeurs et besoins les plus importants

En effet, l’attirance ou le rejet ne sont pas un critère suffisant pour discerner si la personne rencontrée est « l’homme ou la femme de notre vie » ou s’il s’agit d’une convoitise passagère, car nous avons vu que généralement les deux attitudes alternent. Donc, comment savoir si la personne rencontrée est la bonne personne ?

Celui qui n’accepte pas librement de préférer à son désir ou à son bien-être, le désir ou le bien-être de l’autre, ne sait pas aimer

Dans la littérature, une fille demande à sa maman « comment savoir si je l’aime ? » ou bien la question inverse « comment savoir s’il m’aime vraiment ? » et la maman de répondre : « Lorsqu’on est amoureux, on le sait. ». Certes, mais la réalité est plus complexe.

Tout mariage, s’il est un mariage d’amour, est aussi un mariage de raison qui n’est pas basé uniquement sur l’attirance de l’un vers l’autre, mais qui fait appel à notre intelligence. Notre engagement est-il bien de former une communauté de vie et non une fusion passionnelle ?

Le questionnement est légitime, car il est bien différent d’éprouver une attirance pour une personne, et de l’aimer vraiment. Savoir si on aime vraiment implique d’apprendre à décrypter ses propres sentiments et à préciser ce que l’on entend par amour.

Discerner, c’est prendre le temps de te découvrir,
avec tes désirs propres, ton mode de fonctionnement, ta psychologie. C’est accueillir ton histoire, ta famille
et ton éducation. C’est apprendre à t’écouter,
à communiquer avec toi, à te respecter[1].

Les conseillers conjugaux mettent en ligne des tests et prodiguent des conseils d’Alexandre Cormont, Guy Chapman et d’autres auteurs qui sont d’ailleurs assez concordants, mais qui ne pèsent pas forcément très lourd quand le sentiment domine :

L’émotion amoureuse n’est pas l’amour et il est très difficile de savoir si l’on aime vraiment quand on est amoureux. En effet, cette émotion occulte notre capacité de jugement tout autant qu’elle dure, un maximum de trente mois selon les études. Il faudrait donc cesser d’être amoureux pour juger de la pertinence de notre sentiment. Pour savoir si on aime vraiment, voilà des questions à se poser en amont :

  • Est-ce que nos caractères sont compatibles à long terme ?
  • Est-ce que je le/la connais vraiment ?
  • Ne suis-je pas en train de projeter sur lui/elle ce que je souhaite y trouver ?
  • Est-ce que nous pourrons vivre toute notre vie avec lui/elle ?
  • Est-ce que nous voulons qu’il/elle soit le père/la mère de nos enfants ?
  • Est-ce que nous partageons des valeurs ?
  • Est-ce que nous avons une attirance physique réciproque ?
  • Est-ce que nous avons un même genre de projet de vie ?
  • est-elle assez femme ? Est-il assez homme ? [2] 

Si nous sommes attirés par quelqu’un, c’est que nous voyons de la valeur en lui. Si quelqu’un nous dit que nous comptons pour lui, nous accueillons cette parole avec joie,  mais prenons aussi le soin de vérifier si les mots sont confirmés par la communication non-verbale, c’est à dire par le comportement de l’autre. Pour ce faire, le coach Jean Laval propose un test assez simple[3] qui consiste à évaluer le degré d’empressement du partenaire à répondre aux demandes de rencontres. Ainsi, lorsqu’après les premiers rendez-vous votre partenaire diffère régulièrement d’autres demandes de rendez-vous, n’en propose que rarement, et en annule certains, c’est probablement qu’il ne vous considère pas autant qu’il le dit.

Un second critère est celui de la patience qui distingue l’adulte de l’enfant.

Notre décision véritable de nous engager dans cet amour et ce projet de vie à deux pour fonder une famille doit mûrir de l’intérieur et non être comme dictée par les circonstances.
Et le meilleur moyen d’intérioriser une décision est de savoir attendre. Attendre signifie savoir supporter la distance, la solitude et même le vide. Attendre signifie savoir éprouver ma liberté pour se mettre en mesure d’être tout entier
dans mon engagement[4].

Un autre critère est celui des valeurs communes. Par exemple, si l’un des partenaires a besoin de nature et de campagne pour s’épanouir et que l’autre a besoin de la ville, il est probable que cet « antagonisme fondamental » sera difficile à vivre pour les deux. Ils pourront néanmoins le faire, s’ils ont des valeurs communes supérieures au cadre de vie.

Presque tout le monde cherche un partenaire « beau, séduisant, gentil, intelligent », mais l’alchimie d’un couple se joue sur d’autres critères qui, s’ils sont au second plan au moment de la rencontre, sont déterminants pour la durée du couple, comme :

  • les valeurs morales (gestion de l’argent, éducation des enfants, relation aux autres…),
  • les besoins essentiels de chacun (sécurité, soutien, aventure, sédentarité…),
  • les qualités que l’on estime indispensables chez l’autre (force, assurance, fantaisie, humour, sérieux, fiabilité…),
  • les croyances et convictions personnelles (éthique, politique, religion…)
  • le désir d’enfant, la façon de concevoir la vie conjugale, la place de la vie professionnelle…

Il ne s’agit pas de choisir un clone de soi-même, mais il vaut mieux vérifier qu’il n’existe pas de décalages trop grands qui risqueraient de mettre en péril la durée du couple. Cela suppose donc de :

  • bien se connaître soi-même pour avoir clairement conscience de ce qui est important pour nous. On peut notamment considérer avec quel type d’amis cela fonctionne bien, et avec quel autre c’est plus difficile, et ainsi comprendre quels sont les ingrédients d’une amitié réussie pour nous[5].
  • apprendre à connaître son partenaire et, pour cela, il faut du temps et un vrai dialogue, sans masque, en toute sincérité.

Gary Chapman[6] rappelle que le temps des accordailles doit permettre aux intéressés de se connaître et de s’apprécier dans leurs ressemblances et différences, en discernant par-là s’ils pourront continuer à s’aimer une fois l’euphorie passée. Ce temps de discernement est un temps de découverte et d’apprentissage pour se connaître, se respecter, et accepter ses différences dans les domaines aussi variés que :

  1. les histoires respectives (famille, éducation sexualité…)
  2. les façons de vivre les émotions, les langages de l’amour[7]
  3. la conception de la sexualité, de l’argent, du métier, de la vie sociale
  4. les valeurs spirituelles et morales
  5. les centres d’intérêt intellectuels, physiques, sociaux, culturels (goûts), etc.

Il invite aussi à rencontrer la famille de l’autre, avant de prendre sa décision, car le futur conjoint aura probablement tendance à ressembler à son parent dans ses qualités et ses défauts, à moins qu’il n’ait objectivé une difficulté et qu’il ait entrepris un travail pour y remédier chez lui. Dans tous les cas, il est recommandé aux amoureux de passer du temps avec ceux qui pourront devenir leurs futurs beaux-parents et de partager avec leur futur conjoint ce que l’on ressent face à leurs attitudes et leurs manières de vivre.


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Source de l’image : https://www.armand-colin.com/le-choix-du-conjoint-9782200278328

[1] www.viesavie.com

[2] exemple : https://www.alexandrecormont.com/comment-seduire/savoir-si-je-laime/ ou http://www.viesavie.com/question/vivre-le-celibat-comme-un-temps-de-preparation/

[3] https://www.jeanlaval.com/article/comment-savoir-si-cest-la-bonne-personne/

[4] http://viesavie.com/question/et-les-fiancailles-a-quoi-ca-sert/

[5] Voir notamment : http://www.partageetrencontre.net/wp-content/uploads/2014/01/connais_toi_toimême.pdf

[6] Les livres fournissent des exemples concrets qui donnent corps aux conseils évoqués ci-après. Pourtant, les livres ne donnent encore qu’un piètre aperçu des réalités qui se cachent derrière les mots et qu’il convient d’expérimenter avec son partenaire ou avec d’autres personnes plus expérimentées. La suite du présent guide propose des bonnes pratiques en ce sens.

[7] Les langages préférés de l’un ne sont généralement pas ceux de l’autre parmi les cinq langages de l’amour identifiés par Gary Chapman : 1.  paroles valorisantes, 2. services rendus, 3. cadeaux, 4. moments de qualité, 5. contacts physiques