Archive de l’étiquette arbitre

6.2. Secrets des avocats, des arbitres et des juges

source = http://www.misesoustutelle.com/juge-des-tutelles/

Si l’un des conjoints se sent victime de l’autre et s’il ne parvient pas à se faire entendre, sa tendance naturelle est d’aller chercher un tiers qui va lui donner raison contre l’autre.

Il s’adressera ainsi à un proche pour l’appeler à son secours, à un arbitre ou un juge pour qu’il lui donne raison ou, dans un premier temps, à un avocat qui va plaider sa cause auprès du juge, voire à un détective qui va recueillir des preuves contre son conjoint.

Distinguons en effet :

  1. l’arbitre, choisi d’un commun accord par les conjoints, pour élaborer un compromis qu’ils s’engagent d’avance à respecter ;
  2. le juge, qui impose une solution selon le droit.
  3. L’avocat qui n’a pas de pouvoir de décision mais qui, en préparation et au cours de toute procédure judiciaire, est investi, d’une double mission d’assistance juridique et de représentation vis-à-vis de ses clients.

Ainsi, dans les sociétés dites développées, les conjoints font souvent appel à des avocats[1] ou des juges aux affaires familiales pour « mener à bien » une procédure judiciaire aboutissant à une séparation (séparation de corps, divorce pour faute, divorce pour altération définitive du lien conjugal, divorce par consentement mutuel),  puis éventuellement une autre procédure pour faire respecter les obligations de pension alimentaire (CEEE), de garde alternée ou autre.

Cette manière de procéder résulte souvent d’une attitude guerrière, qui part du principe que l’on a raison, que l’autre a tort, et qu’un tiers va lui faire entendre raison. Nous verrons plus loin que cette situation ressemble fort au triangle dramatique de Karpman, ou le conflit continue longtemps sans s’apaiser véritablement. Il existe d’autres positions qui consistent à rechercher un accord, et/ou à faire un travail sur soi-même, pour mieux objectiver ce qui se passe, comprendre les parts de responsabilité respectives, et devenir moins dépendant de l’autre.

Pour comparer les deux approches, le philosophe Paul Ricoeur estime que l’intervention du juge est bien adaptée à la finalité courte de l’acte de juger, qui est de « trancher le litige » tandis que la médiation est mieux adaptée à sa finalité longue, qui est de « contribuer à la paix sociale », en traitant du conflit qui a engendré le litige.

Dans le même esprit, Béatrice Brenneur[2], présidente de GEMME France, la section française du groupement des magistrats médiateurs européens, considère que le recours au juge est souhaitable quand le rapport de forces est inégal, par exemple lors qu’une femme est battue, quitte à ce qu’une médiation ait lieu entre le dépôt de la procédure judiciaire et le jugement, sachant que la perspective d’une condamnation rétablit l’équilibre des forces, et donc un accord équilibré possible.

Si l’on ne parvient pas à s’entendre par la négociation et que l’on a choisi une autre voie que celle du procès contentieux, on fera alors appel à des professionnels de l’accompagnement, en commençant par les thérapies individuelles, qui visent principalement à aider une personne à retrouver sa pleine santé physique et morale, sans nécessairement s’intéresser à sa relation conjugale.


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[1] Il y aurait, en France plus de 50 000 avocats, soient près d’un pour 1000 habitants, dont la majorité sont des femmes. Parmi eux, certains gagnent bien leur vie, tandis que d’autres ont du mal à trouver suffisamment de clients pour vivre de leur métier. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles une part croissante des avocats se forme à la médiation, pour ne pas laisser échapper à d’autres le marché correspondant.

[2] Béatrice Brenneur, La médiation pour tous, Médias et participations,