La société civile prodigue des formations dans les domaines de la psychologie, de la sociologie et du droit, qui constituent des formations utiles pour les métiers du secteur social. Elle prodigue en outre des formations spécifiques pour les assistants sociaux, les conseillers conjugaux et les médiateurs familiaux qui agissent auprès des familles.
L’Office national d’information sur les enseignements et les professions (Onisep) donne une vision synthétique des métiers du secteur social et des formations correspondantes[1], par niveau, du CAP au master, préparant aux différents métiers liés à la famille, et notamment :
- Diplôme d’Etat de médiateur familial, d’assistant familial, d’éducateur spécialisé, d’éducateur de jeunes enfants, de conseiller en économie sociale familiale, de technicien de l’intervention sociale et familiale, etc.
- BTS en Economie sociale familiale
- CAP d’Assistant technique en milieux familial et collectif
- …/…
Ainsi, pour devenir conseiller conjugal et familial en France, il faut suivre une formation qualifiante de 2 à 3 ans dispensée par des organismes de formation agréés par l’Etat (Ministère des Affaires Sociales)[2]. Les formations correspondantes sont accessibles aux titulaires d’un BAC + 2 dans les domaines psycho, sanitaire (infirmier), socio-éducatif (éducateur), ou juridique. Elles permettent d’obtenir une « attestation de qualification de conseil conjugal et familial ».
Les conseillers conjugaux peuvent en outre s’orienter vers une formation à la médiation familiale qui met en œuvre des techniques de négociation et de gestion des conflits :
La médiation familiale est un processus de résolution des conflits familiaux dans lesquels les membres d’une famille demandent ou acceptent l’intervention confidentielle d’une personne tierce neutre et qualifiée, appelée médiateur.
Une formation spécifique peut leur permettre d’obtenir le diplôme d’Etat de médiateur familial (DEMF).
Sans être conseiller conjugal, il est également possible de se former à la médiation par une formation initiale ou continue. On citera en particulier :
- les formations spécifiques à la médiation, comme celles de l’Institut de formation à la médiation et à la négociation (IFOMENE) en France, et son homologue africain, le centre de recherche, de formation professionnelle à la médiation à l’arbitrage et à la négociation (CERFOPMAN[3]), basé en Côte d’Ivoire, avec des projets d’antennes dans de nombreux pays africains.
- les formations dans des domaines connexes, comme la conduite du changement ou la gestion des conflits, par exemple à l’ATCC [4].
- Les formations spécifiques à la médiation familiale, permettant notamment d’obtenir le diplôme universitaire correspondant.
Une fois formés, les médiateurs sont habituellement tenus à une formation continue, pour rester informés des nouveautés et faire contrôler régulièrement leur travail, grâce à des exercices de retour de pratique, qui se déroulent le plus souvent entre pairs au sein d’associations professionnelles de médiateurs telles que :
- Association pour la médiation familiale (APMF) [5] ;
- Association française nationale de médiation (ANM)[6]
- Association des médiateurs familiaux chrétiens (AMFC)[7],
- Associations nationales de médiation, par exemple suisse, belge, canadienne, etc.
- Conseil International de la Médiation (CIM)[8], …/…
Ces associations proposent des actions de sensibilisation et d’éducation aux familles comme par exemple dans l’Essonne où j’habite :
- L’Association pour le couple et l’enfant en Essonne (APCE91) propose un accueil téléphonique et 17 lieux de rencontre des familles avec des professionnels dans les domaines du conseil conjugal et familial, de la médiation familiale et de l’accompagnement de la relation parents-enfants
- L’association Dinamic médiation familiale[9] propose des permanences dans quatre villes du département ;
- Essonne médiation et arbitrage[10], qui regroupe des avocats formés à la médiation et titulaires d’un diplôme de médiateur, donne l’adresse de ses membres à qui le leur demande.
La sensibilisation, l’éducation et la formation des familles est une toute autre question, du fait de leur nombre et de leurs conditions de vie qui ne leur permettent généralement pas de se former à devenir parents et à fonder une famille.
Autrefois, les formations « sur le tas » étaient assurées par les grands parents et l’entourage. Aujourd’hui, l’école prend en partie le relais et propose un certain apprentissage de la vie en société, de la sexualité et de la parentalité.
Au plan international, l’organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, (Unesco) l’appelle « éducation complète à la sexualité ». Elle a par ailleurs édicté des Principes directeurs internationaux[11] pour aider les éducateurs à élaborer des programmes scolaires sur ce thème. Pour l’UNESCO,
L’éducation complète à la sexualité (ECS) est un processus d’enseignement et d’apprentissage fondé sur un programme portant sur les aspects cognitifs, émotionnels, physiques et sociaux de la sexualité. Elle vise à doter les enfants et les jeunes de connaissances factuelles, d’aptitudes, d’attitudes et de valeurs qui leur donneront les moyens de s’épanouir – dans le respect de leur santé, de leur bien-être et de leur dignité –, de développer des relations sociales et sexuelles respectueuses, de réfléchir à l’incidence de leurs choix sur leur bienêtre personnel et sur celui des autres et, enfin, de comprendre leurs droits et de les défendre tout au long de leur vie.
De nombreux pays et organisations s’inspirent peu ou prou de ces principes pour s’adresser aux parents et aux éducateurs. La variété de leurs propos est édifiante :
- Le ministère français de l’éducation nationale publie un site consacré à l’éducation à la sexualité[12]
- Dans les collèges français, le programme de Sciences de la Vie et de la terre (SVT) comporte des cours sur la transmission de la vie chez l’homme et la femme, en détaillant les aspects physiologiques et en évoquant parfois le volet psychologique et affectif[13] Sous prétexte de laïcité, de respect de la liberté et de prévention des maladies sexuellement transmissibles, l’éducation nationale française enseigne en effet des théories contestées comme celle du genre, promeut les offres des lobbies pharmaceutiques (préservatifs, pilules contraceptives et abortives…) et passe généralement sous silence les visions et bonnes pratiques des religions.
- Elle lutte avec raison contre l’homophobie mais passe généralement sous silence les risques qu’entraînent l’homosexualité, le divorce ou l’avortement.
- Le gouvernement de l’île du Prince Edward, au Canada, explique aux parents les comportements normaux, inquiétants et pathologiques des enfants en matière de sexualité[14].
- Des magazines comme « Naître et grandir » expliquent les étapes du développement psychosexuel de l’enfant[15] de zéro à huit ans, à destination des éducateurs et des jeunes.
Un réseau d’intervenants indépendants en Éducation Affective, Relationnelle et Sexuelle (EARS) s’est mis en place dans la société civile française pour permettre aux professionnels d’échanger entre eux et pour leur fournir des contenus pédagogiques auprès des jeunes en milieu scolaire (primaire, collège, lycée) et jeunes professionnels[16].
Des acteurs privés proposent aussi des formations sur l’intelligence relationnelle et la gestion des conflits. Ainsi, lors d’un stage de formation à l’ATCC[17]sur la transformation des conflits interpersonnels, les participants ont pu expérimenter des notions de communication non-violente. A l’issue des exercices, un des stagiaires, âgé de 65 ans, s’est exprimé avec force : « Mais pourquoi ne nous a-t-on pas appris cela à l’école ? »
En effet, l’école n’a pas pour seul objet d’enseigner des savoirs, domaine où les moyens d’enseignements à distance (livres, cours en ligne, Mooc, communautés d’apprenants…) supplantent déjà les enseignants, mais pour enseigner un savoir être et un savoir apprendre incluant une éducation à la vie collective, voire la vie affective. Il semble donc que les enseignants devraient enseigner des bases de la communication interpersonnelle, de la gestion des conflits pour mieux les préparer à leur vie future.
Une telle éventualité est d’ailleurs proposée à de multiples endroits :
- L’école positive pour une éducation bienveillante[18] s’appuie sur le fait que seule une relation empathique et bienveillante permet à l´enfant de déployer toutes ses possibilités affectives et intellectuelles. Ellepropose d’utiliser les outils de toutes les sciences de l’éducation, des neurosciences, des thérapies comportementales et cognitives, de l’analyse transactionnelle, de la méditation de pleine conscience, de la communication non-violente, de la programmation neurolinguistique, de la psychologie positive et de la psychologie cognitive, pour un meilleur épanouissement de l’enfant. Des enseignants témoignent alors de résultats positifs[19].
- Le Syndicat des Enseignants de l’Unsa[20] rapporte l’appréciation positive d’une conseillère principale d’éducation ayant mis en œuvre cette pratique ;
- Jacques Salomé propose de poser les bases d’un enseignement de la communication à l’école[21], comme une matière à part entière. En premier lieu, cela implique d’énoncer en début d’année scolaire, une charte de vie relationnelle aux parents et aux élèves qui indiquerait, en quelques points, quelles sont les règles d’hygiène relationnelle qui seraient mises en pratique dans cette classe. Lui-même indique qu’à certaines périodes, il reçoit une centaine de lettres par jour de parents et d’enseignants qui souhaiteraient s’engager dans cette voie et désirent une formation de base correspondante.
- L’Académie de médecine française propose d’organiser dès l’école primaire et le collège une prévention contre les violences conjugales[22].
Dans l’enseignement primaire, certains professeurs cherchent à faire découvrir aux enfants qu’ils sont uniques et dignes d’être aimés en évoquant les dimensions de la personne humaine et les changements physiologiques et psychologiques liés à la puberté.
Ils s’efforcent par ailleurs de leur faire développer et favoriser :
• leurs compétences relationnelles ;
• la connaissance et la gestion des émotions ;
• les richesses de la relation à soi (estime de soi), aux autres (l’amitié) ;
• une approche positive de l’amour et de la sexualité ;
• un climat scolaire serein (bien-être et bien vivre ensemble, prévention violences, harcèlement) ;
• les bases d’un dialogue fécond.
En cours préparatoire et élémentaire (CP et CE1), la pédagogie proposée consiste à proposer des séances d’une heure sur différents thèmes, dontl’amitié, le respect de soi et des autres, la compréhension et l’apprivoisement des émotions, l’estime de soi, le mieux se connaître pour comprendre les autres, la communication non-violente, le corps, la pudeur et l’intimité…
En cours moyen (CM1 et CM2), la pédagogie proposée est constituée par :
- une conférence auprès des parents ;
- deux Interventions d’une heure et demie en demi-classe, garçons et filles séparés : pour évoquer, d’une part, d’où l’on vient pour mieux comprendre la vie et, d’autre part, comment se construit la personne, avec sa vie relationnelle (la famille, les amis), et le chemin pour s’aimer soi-même et aimer les autres ;
- une intervention d’une heure, en classe entière, sur la prévention des abus sexuels ;
- un bilan de fin d’intervention remis à chaque famille.
Une démarche voisine proposée par l’association « Com’ je t’aime »[23] est suivie par plus de 160 écoles, collèges, lycées et associations français pour susciter chez les enfants un regard d’admiration sur la sexualité et le langage du corps qui dit combien on s’aime. Puis, lorsqu’ils ont découvert cette beauté, la pédagogie explique aux enfants et aux jeunes comment respecter leur corps et celui des autres. En pratique, les intervenants de « Com’ je t’aime » s’adressent aux enfants en CM2 et aux jeunes ayant atteint l’âge et la maturité, et leur expliquent la finalité du corps sexué, invitant au respect. Ils proposent aux jeunes un chemin de maturation propice à la construction d’un amour, source de bonheur. Ils proposent aussi aux adultes, parents et éducateurs, des formations et des conférences pour leur donner les clefs d’un dialogue juste et respectueux, adapté à l’âge des enfants confrontés à un monde hyper-sexualisé, et bien souvent à la pornographie.
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[1] http://www.onisep.fr/Decouvrir-les-metiers/Des-metiers-par-secteur/Social/Les-formations-pour-exercer-dans-le-secteur-social
[2] Association Française des Centres de Consultation Conjugale ; CLER Amour et Famille ; Fédération Nationale Couples et Familles ; Fédération Nationale des Ecoles des Parents et des Educateurs (FNEPE) ; Fédération Nationale Familles Rurales ; Institut des Sciences de la Famille, Université Catholique de Lyon.
[6] http://www.anm-mediation.com/index.php/fr
[7] http://www.mediation-familiale-chretienne.org/ Parmi eux, Remercions en particulier Sabrina De Dinechin, Karine Mauguin Cf. Annuaire de l’association www.mediation-familiale-chretienne.org/annuaire-des-médiateurs
[8] Issu du CIMJ http://www.cimj.com/fr
[9] https://mediationfamiliale.info
[10] http://essonne-mediation.fr
[11] http://unesdoc.unesco.org/images/0026/002608/260840f.pdf
[12] http://eduscol.education.fr/pid23366/education-a-la-sexualite.html
[13] http://www.vivelessvt.com/college/la-transmission-de-la-vie-chez-lhomme/
[14] http://www.gov.pe.ca/photos/original/css_csbparentgf.pdf
[15] fr/etape/1_3_ans/developpement/fiche.aspx?doc=developpement-psychosexuel-sexualite-0-8-ans
[16] www.r2i-education-affective.fr/
[19] http://ecolepositive.fr/bases-de-communication-non-violente/
[20] Union Nationale des Syndicats Autonomes https://ecolededemain.wordpress.com/2017/10/03/la-communication-non-violente-quelle-mise-en-oeuvre-au-college/
[21] http://www.j-salome.com/l-ecole.html#ecole10
[22] https://www.santelog.com/actualites/violences-conjugales-prevenir-des-lecole-primaire-conseille-lacademie-de-medecine