Outre la thérapie, l’accompagnement personnalisé est pratiqué depuis des temps immémoriaux, avec des grands maîtres comme Socrate, dont le questionnement aidait les membres de l’Académie à réfléchir et à se prendre en main.
L’accompagnement psycho-spirituel[1] est un espace de confiance, confidentiel et sans jugement qui s’adresse à toutes personnes, athées, agnostiques ou de différentes religions qui ressentent le besoin de considérer leur existence autrement qu’uniquement au travers ce qu’elles peuvent voir ou toucher. C’est une invitation à prendre du recul et à s’ouvrir à une autre dimension, sans rite ou dogme religieux, mais à partir de ce qui questionne, blesse, déchire ou intrigue. Dans les religions, l’accompagnement spirituel vise à accompagner un frère dans sa vie d’amitié et d’union avec Dieu lui-même.
Dans le monde « développé », l’accompagnement individuel est connu sous le nom de « coaching », qui prend la forme de séances répétées d’une à deux heures, autour d’un objectif précis comme par exemple : « comment rendre heureux mon conjoint ? », voire même « comment récupérer mon ex ?[2] ».
Comme pour les autres professions, il existe des écoles de coaching, avec leurs spécificités mais aussi avec des points communs que nous allons nous efforcer de présenter, à partir de notre pratique personnelle, et du livre de François Delivré « Le métier de coach[3] ».
Une des définitions du coaching est « l’art d’aider une personne à trouver ses propres solutions », par rapport à un problème actuel. Il se distingue du conseil et de la formation qui donnent des points de repère, de la thérapie qui n’aborde pas de problème actuel.
Suivant sa formation et ses compétences, le coach d’une personne peut intervenir à plusieurs niveaux :
- au niveau individuel, pour traiter des problèmes intrapsychiques, c’est-à-dire les problèmes intérieurs à la personne ;
- au niveau relationnel, par exemple la relation avec un conjoint ;
- au niveau d’une équipe ou d’une famille, pour traiter des difficultés de management dans une entreprise ou d’éducation des enfants ;
- au niveau politique et social, avec le coaching de dirigeants,qui nécessite d’aborder sérieusement la structure et les règles des organisations, mais aussi au niveau de la famille élargie, par exemple à l’occasion d’un héritage.
Vis-à-vis de son client, le coach adopte une double posture :
- posture basse, où il met ses compétences au service de son client, qui reste maître de ses décisions ;
- posture haute sur le processus de coaching, où le coach précise au départ et rappelle en tant que de besoin les règles du coaching. Il adopte aussi une position haute quand il sort de la neutralité bienveillante, pour aider le client à dépasser ses résistances conscientes ou inconscientes.
Cette double posture est délicate car elle peut donner lieu à des dérives dont le client est en partie protégé par :
- le code de déontologie du coaching[4] qui précise les obligations respectives du coach, du coaché et, le cas échéant de celui qui paye le coaching[5] ;
- le contrat spécifique entre le coach et le client.
Lorsqu’il exerce son art, le coach fait appel à des compétences fondamentales que François Délivré regroupe en sept :
- L’analyse de la demande : En explorant le contexte, le problème, le besoin et la demande, le coach distingue ces quatre niveaux de réalité et il permet au client de formuler plus précisément sa demande.
- L’établissement d’un contrat : il fournit un cadre sécurisant au déroulement du coaching, et une référence en cas de difficultés ;
- Le diagnostic initial : il permet au coach de définir une stratégie d’intervention, en cernant la personnalité de son client, en repérant les croyances enfermantes, et en prévenant les jeux psychiques qui risquent se jouer au cours du travail ;
- Le cadre de référence : il permet au coach d’objectiver le mode de fonctionnement de son client et le sien, pour répondre à chaque moment à la question de l’interventionnisme ou non, c’est-à-dire savoir s’il est plus profitable au client de poursuivre dans son mode de fonctionnement ou de s’en voir proposer un autre ;
- Le contenu, le processus et le sens : tout au long du travail, le coach exerce une triple écoute de ce que dit le client, de ce qu’il montre et de la manière dont cela résonne en lui. Il repère d’éventuels processus parallèles et s’efforce d’aider le client à trouver ou rétablir une harmonie interne en alignant le mieux possible ses comportements, ses capacités, ses croyances et ses valeurs et ses missions[6].
- L’accompagnement au changement : le coach accompagne le client dans le deuil du passé et dans la construction du présent et du futur, en sachant distinguer si le changement désiré nécessite des évolutions successives ou une révolution profonde ;
- L’invitation à l’autonomie : le coach sait repérer les jeux psychologiques qui balisent sa relation avec le client[7] et il sait lui donner les signes de reconnaissance, les permissions dont il a besoin, sans que ses propres besoins n’interfèrent dans l’évolution de son client.
Dans son travail quotidien, le coach pratique :
- le questionnement et la reformulation, permettant d’extraire du contenu communiqué le sentiment inhérent aux paroles du client et de les lui communiquer sans les lui imposer ;
- la métacommunication, c’est-à-dire communiquer sur la relation de coaching, en disant par exemple : « il me semble que nous tournons en rond »
- l’expression des signes de reconnaissance positifs ou négatifs, conditionnels et inconditionnels ;
- les recadrages du point de vue, en montrant au client qu’il y a plusieurs façons de voir, du comportement, en soulignant ce qu’il y a d’intentions positives, et du sens, en soulignant qu’il peut y avoir plusieurs significations, suppositions et interprétations d’un comportement donné ;
- Les confrontations, pour s’opposer aux contradictions du client, de façon à ce qu’il puisse choisir d’évoluer ;
- Les explicitations, en donnant des points de repère au client, pour l’éclairer sur un problème évoqué ;
- Les interprétations, en formulant des hypothèses sur ce qui se passe, tout en laissant le client libre d’y adhérer ou pas ;
- Les permissions et protections pour permettre au client de suivre son désir en dépassant sa peur, tout en l’avertissant des dangers à éviter ;
- Le rire, qui permet de dédramatiser ;
- Le silence, qui laisse le temps au client de faire son chemin pendant la séance ;
- Les métaphores, qui permettent de sortir d’un problème trop douloureux ou trop sérieux en le ramenant à des proportions différentes « c’est comme si… »
- La prescription du symptôme qui consiste en quelque-sorte à inoculer un vaccin au client, en l’invitant à faire consciemment ce qu’il ne peut pas s’empêcher de faire malgré lui.
Voici maintenant trois exemples d’accompagnement :
Personnellement, lorsque j’étais en formation, j’ai très souvent évoqué des situations de conflit, notamment avec mon épouse. Chaque fois, le coach- formateur m’a invité à revivre la situation, dans un cadre sécurisé. Généralement, il jouait lui-même le rôle de l’opposant, en m’invitant à aller au bout de mes émotions de peur et de colère, de honte, de dégoût ou de surprise. Parfois-même il m’a demandé s’inverser les rôles, où c’est lui qui jouait mon rôle tandis que je devais vivre le rôle de ma compagne. Je puis vous assurer que, chaque fois, cette expérience m’a permis de voir la situation autrement et d’aborder ensuite ma compagne avec un état d’esprit différent.
Hans et Josy étaient séparés et la garde de l’enfant avait été confiée à Josy car Hans était toxicomane. Quand il revient en France, il voulut revoir son fils, mais l’avocate de Josy eut une attitude très vindicative avec des propos violents contre Hans. Grâce à un accompagnement, Hans répondit posément à l’avocat et il parvint à rester calme lors de l’audience, si bien que le juge accorda la garde alternée[8].
Une femme en colocation, s’est fait violer à Paris en 1978 par les trois « amis » de sa colocataire, venus à l’improviste. Ses agresseurs ont été punis de sept ans de réclusion elle a touché 36 500 F de dommages et intérêts, mais cela n’a rien changé à sa vie qui a été détruite. Elle s’est sentie à nouveau comme violée lors des interrogatoires et de la procédure qui ont duré deux ans. Elle vivait dans la peur de rencontrer ses agresseurs à qui elle aurait voulu montrer sa vie devenue un enfer, mais elle n’a pas pu leur parler. Pendant longtemps elle a recherché sa réhabilitation mais elle ne l’a pas trouvé dans la procédure judiciaire. Elle l’a trouvé enfin en se joignant au Centre de Médiation et de Formation à la médiation (CMFM)[9], où elle a découvert la possibilité de vider son sac d’émotions, de sentiments et de ressentiments, pour s’apaiser. Après des années de souffrance, elle a découvert combien il est nécessaire pour une personne blessée de pouvoir faire part de sa peine, de sa haine, son amour ses rancœurs, ses incompréhensions ses doutes, sa souffrance à la personne directement concernée. Elle a compris qu’il est tout aussi important d’entendre cette personne justifier ses actes en répondant la question : POURQUOI ? Elle a aussi compris que la réparation matérielle donnée par la justice était importante, mais seule une médiation avec ses violeurs aurait pu apporter la réparation morale[10].
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[1] https://www.accompagnement-spirituel.com/
[2] https://www.alexandrecormont.com/conseils/recuperer-son-ex-rapidement/
[3] François Delivré, Le métier de coach, 3ème édition, Eyrolles, 2019.
[4] Il en existe plusieurs dont celui de la SF Coach que j’utilise personnellement https://www.sfcoach.org/wp-content/uploads/2020/04/Code-D%C3%A9ontologie-M%C3%A0J-7-Avril-2020.pdf
[5] Dans le cas d’une personne en difficulté dans son couple, ce peut être un parent ou un proche qui offre le coaching à son enfant ou son ami.
[6] Cf niveaux logiques de Dilts.
[7] Il peut s’agir du phénomène classique de transfert et contre transfert.
[8] http://www.mediation-familiale.com/pem/articles.php?lng=fr&pg=15
[10] Jacqueline Morineau, l’esprit de la médiation.
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