Pour ma part, je n’ai pas divorcé mais j’ai vécu une rupture.
Chère Sylvie,
Un des plus forts moments de ma vie a été ma rupture avec mon analyste et les associations qu’il a créées. Elle a mûri pendant plusieurs années, et je l’ai vécue comme un divorce dont je n’ai pas terminé le deuil.
Je te suis très reconnaissant de ton attitude envers moi pendant ce temps, même si tu as fait un choix différent du mien, en restant dans le groupe. Tu as respecté ma liberté et nous avons parlé de nos choix respectifs, en partageant nos émotions, nos sentiments, nos pensées, dans le respect de nos positions respectives.
Je te remercie également d’avoir accepté mes nombreux voyages à l’étranger, peuplés d’amis et d’amies, auprès de qui j’ai recherché le soutien que j’ai perdu dans le groupe, découvrant avec eux de nouveaux espaces, construisant des projets solides et vivant des relations émouvantes, comme si j’avais besoin d’eux pour guérir mes blessures et exercer ma fécondité.
Aujourd’hui, je poursuis mon chemin de deuil, refusant de soumettre notre couple à des forces extérieures, et acceptant ton exigence de respect par rapport à des personnes que tu continues à aimer.
A force de travailler sur la transformation constructive des conflits, j’ai reconstruit ma vie en écrivant ce livre, en devenant conciliateur de justice, médiateur international et coach. A plusieurs reprises, nous avons rencontré des gens en souffrance et, lorsque tu étais là, ils ont toujours apprécié ton attitude, fondamentalement différente de la mienne et, visiblement apaisante, à côté de mon caractère fonceur.
J’en viens à croire maintenant que nous pouvons avoir une fécondité de couple dans ce domaine.
Je t’aime, ton mari, Alain
Parmi tes poèmes récents, je préfère celui-ci :
Depuis tant de siècles et tant d’années
se maintient le rêve qui nous soutient
à cheval sur un destrier qui va plus loin que le soleil
nous avons rêvé de l’amour notre unique flamme et notre conquête
plus que d’empires et de pays
plus que de terres inconnues
d’animaux rares et d’étoiles
oubliées au fond du cosmos
nous avons rêvé de l’amour comme du seul chemin à vivre
en ces aventures du monde aux quatre vents qui rient et pleurent
Mais qui pourra dire et comprendre que l’amour en sa vérité
prenant notre main pour nous emmener
vers le temps qui tremble de jour en jour
que l’amour tel qu’il se révèle après avoir ôté ses habits chamarrés
pour un partage simple en notre vie ensemble
que l’amour notre grand désir
nous amène à considérer
oubliant châteaux et trésors
notre petitesse au fond de la chambre
et par ce grand bonheur qui nous prend dans ses bras
nous voici dans l’humilité.
Sylvie Ducass, 30 ans de mariage
Chapitre suivant : Secrets des accompagnants
À propos de l’auteur