Il m’arrive de croiser des couples rayonnants, et bien sûr, je trouve toujours la femme attirante. Un jour, en pensant à mon épouse, j’ai réalisé qu’il n’était pas facile de rendre une femme heureuse. Désormais, face à une femme souriante, je pense à son mari et j’en éprouve du respect, car il a su la rendre heureuse au moins en cet instant. Cette considération me protège et me stimule pour qu’à mon tour, je m’efforce de contribuer à rendre ma femme heureuse.
De nombreux auteurs ont cherché à transmettre aux couples le fruit de leur expérience ou de leurs observations pour être heureux. Parmi eux, Albert Donval[1] considère que réussir une vie heureuse en couple et en famille est une ambition raisonnable à condition d’admettre que le bonheur est à la fois à cueillir et à construire. Pour lui, un couple peut trouver le bonheur entre idéal et réalité, en usant d’un certain nombre de clés :
- La clé de la chambre nuptiale : C’est une chambre à fermer à clé, loin du regard intrusif des enfants et de la famille. Une chambre réservée au partage intime des cœurs et des corps, lieu de bonheur partagé, mais aussi lieu d’humilité, car on n’achète pas l’amour, et on est donc confronté aux limites de l’un et de l’autre. L’amour amoureux, si intense à ses débuts, est sans cesse à réinventer, entre désir et tendresse, complicité et admiration, parole et silence, pour qu’il ne se dissolve pas dans les brumes de la routine. Sous aucun prétexte, il n’est recommandé d’abandonner l’amour amoureux.
- La clé de la maison : La maison ou le logement est un lieu du partage. Il comporte des espaces fréquentés en commun, pour la beauté, pour les travaux ménagers, mais surtout pour partager la parole au quotidien. Quand il ne dialogue plus, un couple est en danger ! Donner sa part et recevoir celle de l’autre, dans la différence acceptée, dans la bienveillance mutuelle, est une clé du bonheur à deux. Il faut l’huiler régulièrement pour que ça grince moins dans les serrures.
- Clé de la buanderie : au sens propre comme au sens figuré, il faut laver son linge sale en famille. Quelle joie quand les draps et les vêtements sont bien propres et sentent bon. Quelle joie aussi quand une rancune ou un conflit a été balayé par une réconciliation ! A chaque couple de trouver sa façon de faire sa lessive quotidienne ou hebdomadaire.
- La clé de la cave ou du grenier : la cave ou le grenier contiennent les objets précieux que l’on a mis de côté. Au sens figuré, ils contiennent les attentes les plus secrètes de notre personnalité et de notre désir conjugal. Il est bon de s’y rendre régulièrement pour découvrir nos désirs cachés, par exemple lors d’un temps réservé au partage entre époux, loin des soucis quotidiens.
- La clé des champs : Pour être bien, mieux vaut ne pas être toujours et partout ensemble. Chaque personne et chaque couple a besoin d’une certaine alternance entre présence et distance, intimité et sociabilité, dépendance et autonomie. Garder sa personnalité tout en gardant la relation est un gage de bonheur conjugal. Ensemble mais libres, libres ensembles. C’est bon quand, dans un couple, l’homme devient plus homme et la femme plus femme. Le bonheur n’est-il pas d’engendrer celui ou celle qu’on aime à sa propre liberté ? Il y faut du temps, peut-être toute une vie.
- La clé de voûte : Dans une construction classique, la clé de voûte est la pierre centrale qui maintient les autres pierres en équilibre. La clé de voûte est spécifique à chaque couple. Elle matérialise le sens que chacun donne à sa vie, les valeurs qui l’orientent et qui l’animent, le souffle qui l’inspire. C’est le lieu unique où le couple puise son inspiration, là où il trouve sa respiration. Un lieu au-delà du couple, en dehors du couple, et qui, pourtant donne une autre dimension à l’intimité sexuelle, au partage, à la beauté, au pardon et à la liberté.
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[1] Donval (Albert), psycho-sociologue, formateur à l’Institut des sciences de la famille
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